Précis d’économie citoyenne
Les économistes attérés | Auteurs: E. Berr, L. Charles, A. Jatteau, J. Marie, A. Pellegris
Ouvrage d’accès assez facile, traitant en quelques 200 pages du sujet de la dette publique, de façon très claire et didactique.
L’orientation est évidemment celle d’une critique de l’idéologie néolibérale actuelle qui guide les décisions politiques depuis 40 ans, et dont on connaît les conséquences dramatiques aujourd’hui.
Sa lecture est très utile si l’on veut maîtriser un argumentaire face à des critiques qui peuvent régulièrement être émises sur la budgétisation et le financement de programmes de politiques sociales et écologiques.
Même s’il est difficile de convaincre un « libéral » de changer de croyance, on peut espérer instiller quelques éléments de doute sur son idéologie, que ce soit dans un salon ou dans un conseil municipal !…
Entre autres choses, on y comprend que :
- la dette n’est pas forcément un « fardeau pour les générations futures » : un jeune français ne « vient [pas] au monde avec une dette de 29.000 € », mais avec un patrimoine net de 4500 € ;
- l’augmentation de la dépense publique en temps de crise, grâce au « coefficient multiplicateur », est une bien meilleure réponse que les cures d’austérité (on en voit depuis 40 ans l’absence d’effet positif sur notre économie) ;
- l’augmentation de la dette publique profite surtout aux plus aisés qui la détiennent et en perçoivent les intérêts.
Le discours libéral est mis à l’épreuve de l’analyse des faits observés et démonté, ainsi que les faiblesses et contre-vérités de la communication habituelle sur la dette et l’économie. Sont ainsi discutés :
- la comparaison abusive entre la dette d’un État et celle d’un ménage, le mythe de la gestion « en bon père de famille » d’un État qui peut lui faire « rouler sa dette » ;
- l’utilisation récurrente du ratio dette / PIB sans détermination scientifiquement établie d’un seuil au-delà duquel il serait défavorable à l’économie ;
- les effets négatifs de la réduction des dépenses publiques sur le développement d’un pays, et a contrario les bénéfices de telles dépenses qui sont des dépenses d’investissement pour enrichir un pays (éducation, santé, investissement dans la recherche et dans la transition énergétique et écologique) ;
- les effets négatifs des diminutions des impôts sur le capital et sur les revenus du capital, l’état se privant évidemment de recettes importantes au profit des plus aisés.
Enfin, des propositions sont détaillées pour un autre modèle économique, favorable à la justice sociale et au développement durable, en investissant dans la transition énergétique et écologique :
- possibilités de restructuration de la dette si nécessaire ;
- sortie de la dépendance aux marchés financiers ;
- refondation de la fiscalité ;
- politique budgétaire orientée vers la transition écologique.
Quelques pages par jour, même dans les transports, et l’équation (G – T) + (X – M) = (S – I) n’aura plus de secrets pour vous !…
Cédric ZEITTER