Il est d’emblée discutable que la France décide unilatéralement de s’affranchir de l’application de directives européennes en faveur de la transition écologique, alors même qu’elle participe à leur élaboration et devrait respecter le principe démocratique.
Néanmoins, pour ce qui est de l’utilisation de néonicotinoïdes, on peut parfaitement comprendre la position difficile d’exploitants menacés de perte de récoltes. Il faut donc pouvoir les accompagner.
Dans une optique court-termiste, une dérogation peut être considérée comme légitime, mais ne peut s’envisager sans contre-parties de la filière de la betterave sucrière, tant les dégâts sur l’environnement et la santé de l’utilisation de ces produits sont considérables et connus, menaçant la biodiversité et par conséquent notre capacité de production agricole.
Si la recherche amène des propositions de solutions alternatives, celles-ci doivent être testées et imposées à la filière. On ne peut se contenter d’engagements et de promesses, des sanctions financières doivent être envisagées en cas de non-respect des engagements.
Par ailleurs, la question de la production-même de sucre doit être posée. La consommation de sucres doit en effet impérativement baisser, pour des raisons évidentes de santé publique. Il n’est pas acceptable de se limiter à trouver des alternatives avec comme objectif de maintenir le même niveau de production de sucres.
Le déclin nécessaire de cette production doit donc faire l’objet d’une réflexion approfondie, et déboucher sur un plan d’investissement pour réorienter les moyens de production et les emplois vers de nouvelles filières écoresponsables.
En conclusion, la reconduction d’une nouvelle dérogation ne peut s’envisager que dans les conditions suivantes :
– la filière de la betterave sucrière et ses exploitants s’engagent au développement et à l’application immédiate des solutions alternatives disponibles ;
– des sanctions financières seront appliquées en cas de non-respect de ces engagements ;
– une réduction de la production de sucre est décidée à des fins de santé publique, avec un plan d’accompagnement des exploitants dans une reconversion vers des productions agricoles écoresponsables.
Le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire organise une Consultation publique en ligne du 03 au 24 janvier, accessible à partir du lien suivant :
Vous pouvez ainsi vous mobiliser et apporter votre contribution.
Cédric ZEITTER